TikTok et Washington trouvent un accord in extremis
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L'application pourra continuer à être utilisée aux Etats-Unis. Oracle et Walmart ont été choisis par la société chinoise pour être ses partenaires privilégiés en Amérique du Nord et vont acquérir 20 % de son capital, avant une prochaine entrée en Bourse. Donald Trump a donné sa « bénédiction ».
Les Américains devraient pouvoir continuer à utiliser TikTok. Au coeur d'un week-end agité, la société chinoise ByteDance a dévoilé une partie de l'accord trouvé in extremis, juste avant que l'application ne soit retirée des app stores américains.
La maison-mère de TikTok a proposé à Oracle d'être son partenaire technologique privilégié et à Walmart d'être son partenaire commercial aux Etats-Unis. Les deux sociétés américaines pourront acquérir jusqu'à 20 % du capital de TikTok Global (la société créée qui englobe les activités internationales de l'application, Chine exclue) avant une éventuelle entrée en Bourse. Oracle a annoncé qu'elle en prendrait 12,5 %, Walmart 7,5 %. Avec les fonds General Atlantic et Sequoia, déjà investisseurs dans ByteDance, la part totale des investisseurs américains pourrait s'élever à 53 % selon le « Wall Street Journal », contre 36 % aux Chinois. Dans ce sens, l'accord répondrait donc aux exigences de Washington, qui souhaitait que les activités américaines de TikTok soient contrôlées par des Américains. L'opération valoriserait TikTok 60 milliards de dollars, selon Bloomberg.
« Nous sommes 100 % confiants sur notre capacité à fournir un environnement hautement sécurisé à TikTok et assurer la confidentialité des données aux utilisateurs américains et à ceux du monde entier », a déclaré la patronne d'Oracle Safra Catz. « Nous allons travailler sur une introduction en Bourse aux Etats-Unis dans les douze prochains mois pour que les Américains s'approprient encore davantage le service », a ajouté Walmart, dont le patron Doug McMillon siégera au conseil d'administration de TikTok USA.
L'accord a la « bénédiction » de Donald Trump. Le président américain a laissé entendre samedi que l'accord était de nature à régler les problèmes. « J'ai donné mon approbation à l'accord. S'ils le concrétisent, tant mieux. Si ce n'est pas le cas, ça ira aussi », a-t-il confié avant un meeting de campagne, samedi.
Dans la foulée, son administration a d'ailleurs annoncé que le retrait de l'application des app stores, décidé vendredi, était reporté au 27 septembre, au moins, le temps d'étudier tous les détails du compromis. La décision a été prise « au vu des développements positifs récents », a fait savoir le Département du Commerce.
« Nous sommes heureux que la proposition de TikTok, Oracle et Walmart résolvent les problèmes de sécurité soulevés par l'administration américaine et règle les questions concernant l'avenir de TikTok aux Etats-Unis », a indiqué à l'AFP une porte-parole de TikTok.
Selon la Maison Blanche, les propositions assureraient la sécurité des données des 100 millions d'utilisateurs américains de TikTok. Des « serveurs séparés » devraient être utilisés. Et la société chinoise se serait engagée à embaucher au moins 25.000 personnes aux Etats-Unis et à ouvrir un nouveau siège au Texas - TikTok a actuellement un bureau à Los Angeles. Donald Trump a aussi ajouté que les trois entreprises partenaires s'étaient engagées à verser une donation de 5 milliards de dollars pour l'éducation des jeunes Américains, lui qui réclamait que l'Etat américain soit rémunéré.
L'administration Trump menaçait de bloquer TikTok sur le territoire américain car il soupçonnait ByteDance d'être lié au gouvernement chinois. Vendredi, elle avait décidé d'interdire l'application, ainsi que celle de WeChat, autre société chinoise, sur les app stores américains.
La réponse de Pékin ne s'était pas fait attendre. Samedi, le gouvernement chinois avait promis de prendre des mesures de représailles. Il avait notamment agité la menace de la « liste noire » , une liste d'entreprises et de personnes étrangères jugées non fiables, ne respectant pas les règles du marché ou leurs obligations contractuelles. Reste désormais à savoir quelles seront les suites de ce nouvel épisode de tension entre la Chine et les Etats-Unis. D'autant que le cas WeChat n'est, lui, pas réglé…
Nicolas Rauline (Bureau de New York)
source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/tiktok-et-washington-trouvent-un-accord-in-extremis-1244036